Capturé au premier jour de Verdun

21 février 1916. Choc à Verdun. La résistance des chasseurs à pied du colonel Driant dans le bois des Caures est connue. Les combats du bois d'Haumont le sont moins. Le 362e régiment d'infanterie y est décimé en deux jours : 32 officiers, 1 625 sous-officiers et hommes de troupe tués et disparus. Parmi les prisonniers, notre arrière-grand-oncle, le brancardier Albert Carlin.

Albert-Nicolas Carlin est né à Rembercourt-sur-Mad (Meurthe-et-Moselle) le 13 mai 1880, fils de Toussaint Carlin, garde-champêtre, et d'Anne-Adélaïde Habillon. Il est notamment le frère d'Alphonse, établi comme tailleur à Saint-Dizier, et de Léon, jardinier à l'hôpital Saint-Louis à Paris.

Destiné à la prêtrise, Albert Carlin est appelé au 69e régiment d'infanterie, du 14 novembre 1901 au 20 septembre 1902, avant de retrouver le séminaire de Verdun. Ordonné prêtre, vicaire à Saint-Mihiel puis curé de Wiseppe, il est mobilisé le 1er août 1914. L'abbé Carlin est situé, en janvier 1915, comme infirmier militaire dans la 3e ambulance de la 72e division de réserve, à Verdun, Caporal le 1er avril 1915, le prêtre lorrain passe, le 21 juin, au 362e RI, comme brancardier de première classe, par ordre du général commandant la division. Ce régiment de la 72e DI a été mis sur pied à Cambrai à la mobilisation. Il n'a cessé de servir dans la Meuse : le bois de Septfarges, la cote 344, le bois des Caures, la tranchée de Calonne, le bois de Cousenvoye... A partir de début novembre 1915, le 362e RI occupe le bois d'Haumont. Son 5e bataillon, auquel appartient le prêtre brancardier, est commandé par le capitaine Crosne. Au déclenchement de la bataille de Verdun, le régiment aux ordres du lieutenant-colonel Bonviolle défend le bois et le village d'Haumont. Après deux jours de bombardement et de combats, il ne lui restera plus que 60 hommes...

Le soldat Carlin est fait prisonnier. Ce que confirme la presse meusienne de l'époque : "M. l'abbé Carlin, de Rembercourt-aux-Pots (sic), curé de Wiseppe, et brancardier au bois de Cousenvoye depuis de longs mois, a été fait prisonnier au commencement de la bataille de Verdun. Il a pu en informer son frère, sans être en état de lui indiquer le lieu de sa détention, d'ailleurs contraire aux conventions internationales."

Il est emprisonné au camp de Gnadenfrei, en Silésie, camp resté célèbre pour avoir notamment accueilli le lieutenant Roland Garros. Rapatrié, après près deux ans de captivité, le 21 décembre 1917, par Manheim, l'abbé Carlin servira ensuite à la célèbre ambulance du Dr Alexis Carrel, 22e section d'infirmiers, en avril 1918. Il recevra à ce titre la médaille d'honneur (argent) des épidémies, en 1920.

Après la guerre, l'abbé Carlin retrouve sa paroisse de Wiseppe, puis est nommé à Stenay. Il décède le 3 mai 1960 à Hannonville-sous-les-Côtes (Meuse), à l'âge de 80 ans,

La photo qui illustre cet article vient de son carnet de captivité à Gnadenfrei.

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